Pratiques pénales et espaces de la justice

Ce projet est consacré à une histoire croisée du rapport des pratiques pénales à l’espace en Europe du XVIe au XVIIIe siècles. À partir d’un contexte particulier (celui de l’Empire germanique, pays de la monarchie autrichienne inclus), le projet s’intéressera, d’une part, à la manière dont les pratiques pénales s’appuient sur l’espace comme ressource et dont elles contribuent à construire des espaces de la justice dans un cadre impérial. Il envisage, d’autre part, d’analyser les effets récursifs qui résultent des imbrications et des interférences de ces espaces pour l’administration des peines.

Histoire sociale de l'enfermement

Comment est née la peine de prison ? Fut-elle le résultat d’un pouvoir disciplinaire qui, de manière insidieuse, s’est étendu partout ? Les maisons de correction et établissements pénitentiaires apparus depuis l’époque moderne étaient-ils des « institutions totales » coupées du monde extérieur et dans lesquels le quotidien se pliait uniquement à des règles préétablies par l'institution ? Répondre à de telles questions requiert à étudier les discours sociétaux et les modifications juridiques tout autant que les pratiques institutionnelles par lesquelles les établissements ont réussi à se perpétuer à travers les époques ; mais surtout une telle approche demande à porter l’attention sur le quotidien de l’enfermement et sur ses conditions matérielles et sociales.

Ainsi la cohabitation des détenus et des gardiens apparaît facilement comme un quotidien marqué par des interdépendances réciproques. Reposant sur un équilibre de forces, la vie dans l’enfermement connut, certes, l’exercice de la violence et la contrainte, mais aussi des relations sexuelles et des pratiques d’échange, d’appropriation et de transgression ainsi que de la résistance et des contournements ingénieux des frontières et des règles édictées. Bref : l’enfermement fut un lieu social dans lequel évoluait une « société enfermée ».

Une nouvelle histoire du Saint-Empire moderne

(avec Christophe Duhamelle, EHESS/CRH ; Barbara Stollberg-Rilinger, Université de Münster ; Matthias Schnettger, Université de Mayence ; Guillaume Garner, ENS-LSH Lyon)

Le renouvellement des études sur les institutions impériales, initié en Allemagne depuis plus de trente ans, émerge actuellement d’un certain isolement disciplinaire (concentration sur l’histoire institutionnelle, en particulier) et croise les interrogations de l’histoire générale en remettant en cause les paradigmes de l’Etat et de la nation aux XVIe-XVIIIe siècles mais également en épousant des orientations thématiques plus larges et novatrices (histoire de la communication, des rituels politiques, etc.). Les historiens français ont joué un rôle limité mais actif dans ces évolutions, obtenant toutefois un écho encore trop limité en Allemagne, et surtout, paradoxalement, en France. Un bilan croisé de l’historiographie sur le Saint-Empire moderne est donc, aujourd’hui, nécessaire afin de dégager des tendances à venir et de tâcher de faire de ce « nouvel » objet une thématique davantage partagée des deux côtés du Rhin.

Cet objectif général sera décliné en trois grandes inflexions poursuivies conjointement tout au long du programme : Espace, frontière, territoire et communication/ Anthropologie de la politique et du droit, échelles du politique/ Une histoire économique et sociale de l’Empire ? Le projet combine un séminaire (environ six séances de trois heures par an) où interviendront idéalement, à chaque séance, un collègue allemand et un français et où participeront, outre un public de doctorants et jeunes chercheurs, les collègues partenaires et intéressés, le plus souvent possible ; deux rencontres scientifiques (une journée d’étude initiale et un colloque conclusif) et un atelier de doctorants franco-allemand sur le Saint-Empire entre la première et la deuxième année.

Liens : http://www.saint-empire.fr (site web du projet)

Avec le soutien du CIERA.

Enfermements. Histoire comparée des enfermements monastiques et carcéraux

(avec Isabelle Heullant-Donat, Université de Reims-Champagne Ardenne ; Julie Claustre, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne ; Elisabeth Lusset, Université Paris Ouest/ Nanterre-La Défense)

Ce projet entend analyser, sur une période large, allant du Moyen-Âge à la fin du XIXe siècle, des pratiques communes liant différents lieux et institutions (monastères, prisons, hôpitaux, établissements psychiatriques, etc.) dont le dénominateur commun est le recours, variable mais constant, à un ensemble de savoirs, de dispositifs et de procédures de contrôle et de perfectionnement qui mettent en œuvre une clôture séparant le dedans du reste de la société.

En s’appuyant sur une coopération forte avec l’Association « Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux », le projet mêle manifestations scientifiques (colloques, journées d'études) et opérations visant un public plus large (expositions, interventions publiques), en mettant pour l’instant l’accent sur quatre thèmes principaux : la règle et les dérèglements en milieu clos, enfermement et genre, les espaces de l'enfermement, enfermement et travail.

Liens : http://www.enfermements.fr (site web du projet)

Avec le soutien du Labex Hastec.

MetaLEX – Métalexicographie numérique des langues historiques du droit en Europe

(avec Rainer Maria Kiesow, EHESS, Claudine Moulin, Vera Hildenbrandt et Thomas Burch, Université de Trèves)

Une documentation synthétique concernant le vocabulaire portant sur les langues historiques du droit en Europe n’existe jusqu’à présent qu’à l’état d’ébauche. Le projet MetaLEX vise à combler cette lacune de la recherche en élaborant un système d’informations métalexicographiques conçu comme interdisciplinaire et dynamique. Ce projet, élaboré comme un prototype, s’appuiera sur trois types de sources et, dans un premier temps, mettra l’accent sur la période s’étendant de 1700 à 1900. Le projet sera ensuite enrichi par de nouveaux développements si bien que le système d’informations, constitué de façon générique, couvrira, dans sa forme finale, une période plus longue et mobilisera, potentiellement, un nombre illimité de sources.

Avec le soutien de la FMSH et le Trier Center of Digital Humanities.

Saisir l'Europe – Europa als Herausforderung. Un réseau franco-allemand en sciences humaines et en sciences sociales

(membre du comité de direction ; avec Daniel Schönpflug responsable de l'axe « Violences urbaines »)

Le réseau « Saisir l'Europe » a pour objectif de repenser l'Europe dans une approche transdisciplinaire et internationale. Il rassemble l’université Humboldt de Berlin, le Centre Marc Bloch, l’université Goethe de Francfort, l’Institut français d’histoire en Allemagne, le Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne, l’Institut historique allemand à Paris et la Fondation Maison des sciences de l’homme. Une coopération thématique, interdisciplinaire et internationale dans les trois domaines de l’Etat social, du développement durable et des violences urbaines formera le cœur du projet de recherche collectif.

Liens : http://www.saisirleurope.eu (site web du projet)

Guides pour la jeune recherche franco-allemande

(avec Mareike König, Institut historique allemand de Paris ; Pierre Monnet, EHESS/Institut français d’histoire en Allemagne à Francfort/M.)

Aider les jeunes chercheurs en histoire désireux de passer une partie ou l’ensemble de leurs études ou de leur thèse en Allemagne ou en France de réussir leur séjour – tel est le but de cette initiative portée par plusieurs organismes de la coopération scientifique entre les deux pays. Un premier guide, destiné aux étudiants et jeunes chercheurs français allant en Allemagne, a été publié en 2011, offrant à ses lecteurs  un riche panorama des structures de la recherche, des archives, bibliothèques ou revues, mais aussi en matière de financement du séjour ou de perspectives sur le marché de l’emploi universitaire et non-académique.

Pour 2013, un deuxième guide à destination des étudiants, doctorants et chercheurs allemands est en préparation. À terme, la communauté des chercheurs français et allemands disposera ainsi de deux outils semblables, dont l’usage et la lecture parallèles et comparés offriront un bel exemple d’interculturalité franco-allemande théorique et pratique dans le monde universitaire.

Liens : guide « Faire de l'histoire en Allemagne: un guide pour les jeunes chercheurs français  » ; Wegweiser « Geschichte machen in Frankreich. Ein Wegweiser für Studium, Forschung und Karriere »

Avec le soutien du DHI Paris, de l'IFHA Francfort, de la FMSH et de l'UFA.